Gnoko Bok

Gnoko Bok, en wolof «plaisir partagé, on est ensemble» est un projet de cirque contemporain in situ. Au travers de l’esthétique d’un conte écrit après une tournée au Sénégal, les artistes invitent le public à participer à un immense chantier dont la recherche s’inspire d’une citation de Carolin Emecke: «Je cherche quelle force poétique, quel biais littéraire permet de résister efficacement à la violence».

Gnoko Bok est un appel, un rappel, c’est dénoncer l’hypocrisie, arrêter de faire semblant que tout va bien. Appeler un chat un chat, sortir la merde sous le tapis, embrasser notre héritage postcolonial, se moquer de nos stéréotypes et veiller, avec empathie, toujours, à l’équilibre fragile du bien vivre ensemble. On peut mieux faire. Ouvrir les yeux, la voix, écouter et se responsabiliser. Veiller, éduquer, déconstruire et inventer. A l’image d’un chantier, tout est à questionner, dessiner, redessiner et construire. Ensemble.

C’est entre deux mondes que les artistes invitent le public à retrousser les manches avec elles, sur un fil, un mât chinois, la terre et les cieux.

Notes d’intention

« N’être qu’une Toubab dans la brousse et pleurer sur les gênes que mon peuple m’a laissé. Avoir honte de nos histoires. Savoir que rien ni personne ne pourra effacer les traces qu’on a laissées. Savoir que je ne me reproduirai pas, savoir que chaque relation est une fatalité. » – Sénégal, N’Dayane, le 16 décembre 2017

Nom: Simili – Italie
Prénom: Tania – Russie
Origine: Italo-Suisse
Adresse: Bruxelles – Multiculturelle
Coup de foudre: Beyrouth – Liban
Prise de conscience: Dakar – Sénégal

Etre née à la bonne place, au bon moment.
Prise de conscience d’un privilège.
Privilège d’avoir le choix, de voir ou de ne pas voir.

Revenir à sa position d’artiste.

«Gnoko bok!»

Ouvrir la réflexion à travers la douceur du corps, la beauté du geste pour questionner, échanger autour de l’envie commune d’un monde plus juste…

Tania Simili

En wolof au Sénégal, Gnoko Bok signifie «plaisir partagé, on est ensemble». Au travers du prisme de mon chemin de vie, de mon identité, de ma couleur de peau et de mes privilèges, c’est un idéal, pas une réalité. Le racisme est une réalité. Le lieu de naissance, le passeport, la couleur de peau, la religion, les différences physiques, le genre, l’orientation sexuelle… tout est sujet à préjugés et discriminations et conditionne la place de chacun.e dans notre société.

Gnoko Bok est un appel, un rappel, c’est dénoncer l’hypocrisie, arrêter de faire semblant que tout va bien. Panser mes plaies. Tomber les masques. Appeler un chat un chat, sortir la merde sous le tapis, embrasser notre héritage postcolonial, se moquer de nos stéréotypes et veiller, avec empathie, toujours, à l’équilibre fragile du bien vivre ensemble.

Le racisme anti-noirs est partout, de la norme esthétique de la peau blanche dans les films, les médias et les cours de récré, des contrôles au faciès à l’hyper-sexualisation des femmes africaines, d’un muslim ban au black-facing et aux collants de ballet roses et blancs. Le constat est alarmant, car même si le racisme primaire est encore condamné malgré sa banalisation actuelle, celui systémique, plus insidieux, celui-là est difficile à éradiquer. On peut mieux faire. Ouvrir les yeux, la voix, écouter et se responsabiliser. Veiller, éduquer, déconstruire et inventer. A l’image d’un chantier, tout est à questionner, dessiner, redessiner et construire. Ensemble. Gnoko Bok.

Estelle Borel